L’importance du SRIA dans l’évolution des réseaux de communications : entretien avec François Baccelli
François Baccelli, directeur de recherche à INRIA Professeur émérite à Télécom Paris Porteur du PC 9 FOUND du PEPR françois.baccelli@inria.fr |
Le programme stratégique de recherche et d’innovation (SRIA) de Networld Europe joue un rôle clé dans la définition des priorités de recherche pour le développement de la 6G et des réseaux de communications du futur en Europe. Pour mieux comprendre son importance et son fonctionnement, nous avons rencontré François Baccelli, directeur de recherche à l’INRIA et professeur émérite à Télécom Paris, qui participe activement à ce processus.
En quoi consiste le SRIA et quel est son objectif principal ?
Le SRIA est un document d’orientation stratégique qui établit les grandes lignes des recherches et innovations prioritaires dans le domaine des réseaux de communications en Europe. Il met particulièrement l’accent sur le développement de la 6G et des réseaux intelligents. Son objectif est de définir une feuille de route commune pour l’ensemble des acteurs du secteur, incluant l’industrie, les universités et les PME innovantes.
Quel rôle joue Networld Europe dans ce processus ?
Networld Europe est l’entité qui regroupe les principaux acteurs européens du secteur des systèmes de communication. Elle succède à NetWorld2020 et s’aligne sur les politiques d’Horizon Europe. Elle vise à structurer la recherche et l’innovation autour des réseaux et services de communications, facilitant ainsi les interactions entre les chercheurs, les industriels et les institutions académiques. Networld Europe valide et publie le SRIA grâce aux contributions de près de 200 experts issus d’une centaine d’institutions.
Comment le SRIA influence-t-il les programmes européens ?
Le SRIA alimente directement le programme de recherche européen du partenariat public-privé Smart Network and Services (SNS JU). Ce programme est essentiel au développement de la technologie 6G et à la souveraineté européenne dans ce domaine. En structurant les priorités technologiques, le SRIA contribue à l’orientation des appels à projets européens et peut également influencer d’autres initiatives européennes liées aux TIC.
Comment s’organise le document SRIA ?
Le SRIA se divise en deux parties principales :
- Le livre blanc, qui propose une vision stratégique et une feuille de route technologique, qui précise les caractérisations technologiques attendues ;
- L’annexe technique, qui approfondit l’analyse des technologies essentielles pour l’avenir des réseaux et services de communications.
Quel est votre parcours et comment avez-vous rejoint le SRIA ?
J’ai été invité à intervenir lors du SRIA Summit de Lisbonne en novembre 2023, où j’ai présenté mes travaux sur la maîtrise de la complexité de la 6G. Suite à cet exposé, j’ai rédigé un texte intégré dans le chapitre RAN du document SRIA 2024. De plus, en tant que membre du projet SNS INSTINCT, j’ai pu contribuer avec Philippe Martins (Télécom Paris) au chapitre NTM (réseaux non-terrestres) du SRIA en ce qui concerne les réseaux basés sur les constellations de satellites en orbite basse.
Qui peut contribuer au SRIA et comment y participer ?
La SRIA sollicite la participation de chercheurs académiques spécialisés dans les réseaux de communications de nouvelle génération. Pour y contribuer, il est essentiel d’être un chercheur actif et de s’appuyer sur des travaux qui s’inscrivent dans la stratégie globale des appels à projets européens.
La participation des chercheurs académiques français au programme SNS doit être développée. Il est crucial de renforcer cette implication pour que la recherche française puisse mieux contribuer à la stratégie européenne des réseaux de communications.
Quel est l’impact du PEPR et son lien avec le SRIA ?
Le PEPR joue un rôle similaire à l’échelle nationale en France. Il vise à identifier et soutenir les domaines stratégiques, tout comme la Commission européenne le fait avec le SRIA et le SNS JU. Pour conclure, la participation au SRIA est une opportunité unique pour les chercheurs de contribuer à la stratégie européenne en matière de TIC et, à ce terme, de renforcer l’implication des académiques français dans le développement des réseaux du futur.
Plus d'actualités Article

